Carie dentaire
La
carie dentaire, ou juste
carie, maladie infectieuse de la
dent, est une lésion de l'
émail, de la
dentine, et/ou du
cément.
Historique
La carie est une maladie courante chez l'être humain, mais pour la
plupart des autres mammifères, la carie témoigne d'une santé générale
dégradée et de carences alimentaires.
Chez l'Homme, elle serait apparue au cours de l'époque
néolithique :
suite à la sédentarisation associée à la domestication des céréales, le
changement de régime alimentaire dû à la consommation des farines
aurait permis son apparition. Les dents humaines datant de cette période
mais appartenant à des populations vivant encore de la chasse et de la
cueillette (y compris de baies sucrées) ne sont pas atteintes par des
caries
1.
Depuis le milieu du
XXe siècle,
et encore largement de nos jours, la carie est considérée selon la
« représentation de Miller », principalement caractérisée par :
- maladie infectieuse à germe spécifique transmissible (pour laquelle un vaccin est donc envisageable). Les bactéries Lactobacillus acidophilus et Streptococcus mutans étaient désignées responsables de la formation de la carie ;
- principale substance cariogène : le sucre ;
- le fluor est l'outil central de prévention et de traitement.
Des études récentes remettent en cause cette représentation : le
sucre, le fluor n'ont plus les rôles centraux qu'on leur accordait ; le
régime alimentaire, la santé générale, le patrimoine génétique et les
facteurs sociaux sont des déterminants importants
2. Les pratiques d'hygiène buccale et les politiques associées sont à revoir en profondeur
3. La carie devient une affection chronique multifactorielle d'origine endogène, non transmissible.
Ces études sont néanmoins à prendre avec précautions, certaines
d'entre elles pouvant être soupçonnées de partialité due à leur lien (en
particulier financier) avec l'industrie sucrière
4,
d'autres études récentes consolidant bel et bien le lien entre
consommation de sucre et apparition de troubles de la santé, en
particulier dentaire
5.
Facteurs étiologiques
La formation de la carie est avant tout due à de multiples facteurs
endogènes :
« elle résulte d'un déséquilibre dans la flore bactérienne du
biofilm présent à la surface de la dent suite à un changement brutal de l'environnement local »
— Laurence Brousseau et Camille LeGoff,
Les déterminants de la carie6.
Les facteurs déterminant l'équilibre (et le déséquilibre) du biofilm sont :
- les bactéries elles-mêmes. Toute bouche possède une flore bactérienne. Celle-ci peut comporter plusieurs centaines d'espèces, variables d'un individu à l'autre ;
- le régime et la fréquence d'absorption des intrants : régime alimentaire, alcool, cigarette, médicaments…
- le système salivaire de l'hôte ;
- le système immunitaire de l'hôte.
Les importances relatives et les interactions entre tous ces facteurs ne sont pas encore entièrement comprises.
La formation de la carie débute lorsqu'un déséquilibre dans le
biofilm permet à certaines bactéries de se reproduire plus vite. Une
fois que la proportion de ces populations a atteint un seuil critique la
maladie peut se développer
7.
Les bactéries impliquées dans le phénomène sont présentes dans le
biofilm à l'état sain. Elles participent à son équilibre et ne sont pas
des agents pathogènes à détruire préventivement, d'où l'abandon de
l'idée d'un vaccin.
Certains des facteurs pouvant rendre le biofilm propice à la formation de caries semblent êtres identifiés :
- génétiques8 ;
- la prise de tabac, l'alcool ;
- la prise de certains médicament, par exemple ceux entraînant une diminution de la sécrétion salivaire ;
- certains changements d'habitudes alimentaires ;
- le stress : de nombreuses études ont mis en évidence un lien direct entre le stress et le taux de caries9 ;
- les facteurs sociaux-économique et psychosociaux de l'hôte10.
L'évidence du sucre comme cause de la carie a commencé à être remise en question dans les
années 1990.
Les études indiquent que le sucre ne doit plus être considéré comme le
seul responsable de la carie : la relation sucre/carie est plus faible
aujourd'hui, et réduire la consommation de sucre n'est plus nécessaire
11,12,13.
« Plus que la quantité, ce sont la fréquence et la durée des prises [d'un aliment] qui importent »
— Laurence Brousseau et Camille LeGoff,
Les déterminants de la carie14
Symptômes
caries à un stade avancé (sur
2e molaires sup. et inf.)
Les premiers signes peuvent apparaître une fois que la carie a atteint la
dentine.
Mais parfois la douleur ne survient que très tardivement. C'est
pourquoi il est vivement conseillé de ne pas attendre d'avoir mal pour
consulter un
dentiste.
- Douleurs au froid et au sucré signent le plus souvent une carie
active ou une dénudation du collet dentaire, qu'il est urgent de faire
traiter.
- Douleurs au chaud ou à la pression signent généralement une reprise
de carie sous une obturation qui a évolué discrètement et a provoqué la
nécrose de la dent concernée.
- Dommages visibles : initialement tache blanche (pas toujours très
visible). Une tache marron (plus ou moins foncée) signe une carie
ancienne, reminéralisée, qui n'est plus active.
Lorsqu'on remarque un trou dans la dent, la carie est déjà avancée ; la dent risque de devoir être dévitalisée.
Prévalence
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En
France,
30 % des enfants de moins de 12 ans présentent au moins une carie à
soigner, 50 % chez les 12-15 ans, 40 % chez les adultes et 37 % des
personnes âgées sont également touchées
15.
Il en ressort que généralement, ce sont les enfants qui sont les plus
touchés par la carie, surtout les enfants aux bas âges. On parlera dans
ce cas de la carie de la petite enfance
16.
Évolution et pronostic
Un changement majeur dans l'environnement local de la dent peut
favoriser le développement de bactéries présentes à l'état sain de la
dent. Quand la population de ces bactéries atteint un seuil critique, la
carie peut apparaître. Plusieurs espèces de bactéries participent
ensuite dans l'évolution de la carie
17.
Le fluor par voie topique (appliqué directement) peut ralentir ou
stopper la progression de la carie. Mais une carie non superficielle ne
pourra jamais guérir seule, il faut la faire traiter par un
dentiste.
En l'absence de soins ou de traitements adaptés, la maladie carieuse évolue vers la
pulpite puis la
nécrose
de la pulpe (le nerf), suite à la colonisation de la pulpe par les
micro-organismes pathogènes. Cette nécrose est généralement très
douloureuse, et peut diffuser par voie endodontique et se compliquer par
une
infection s'étendant à l'os.
Cette infection peut être chronique : granulome péri-apical chronique ou
kyste (ou desmodontite apicale chronique). L'infection évolue alors
souvent à bas bruit pendant plusieurs mois voire plusieurs années, et
n'est parfois détectée que par un contrôle radiographique de routine.
Cette infection peut aussi être aiguë : abcès péri-apical aigu (ou
desmodontite apicale aiguë).
Voir :
Endodontie.
Si un traitement n'est toujours pas entrepris, l'infection continue à se propager. Les
ostéites et
cellulites peuvent préluder à un envahissement bactérien général par voie sanguine : c'est la
septicémie.
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3. La
dentine est attaquée. La dent commence à être sensible.
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Soins conservateurs
Le dépistage de petites lésions dispose de trois techniques d’examen
complémentaires à l'œil du dentiste : radio numérique en 2D, aides
optiques de grossissement (loupes ou microscope opératoire), caméra
vidéo numérique de fluorescence ou de transillumination
15.
À l'aide d'instruments rotatifs (
fraise dentaire
montée sur contre-angle ou turbine rotative, communément appelée
« roulette »), d'instruments de micro-abrasion (air abrasion par
sablage, sono-abrasion par ultra-sons produits par une pièce à main en
forme de stylo avec des inserts diamantés) ou
laser dentaire, le
dentiste
procède à l'éviction des tissus ramollis par la carie. Il comble
ensuite la cavité créée par l'exérèse des tissus avec un matériau
d'obturation biocompatible , généralement un
composite dentaire, un
amalgame dentaire ou par un
inlay,
et un adhésif de dernière génération (parfois associé à un agent
antibactérien). Les traitements micro-invasifs (micro-abrasion et
laser) ne concernent que les caries débutantes
15.
Dévitalisation
Lorsque la carie a atteint un stade avancé (dès que les bactéries ont pénétré dans la
pulpe), le dentiste doit dévitaliser la dent (
pulpectomie), puis obturer les canaux dans lesquels se trouvait la pulpe afin de prévenir une infection bactérienne (
obturation canalaire).
La dent dévitalisée étant plus fragile, le risque de fracture est accru.
Prothèse
Si la carie a détruit une grande partie de la dent, celle-ci doit être reconstituée avec une couronne.
Lorsque la dent doit être retirée, les nouvelles techniques
permettent de placer à la place de la dent retirée une dent de sagesse
lorsque celle-ci n'ont pas été enlevées et que le chirurgien dentiste
juge qu'elle pourra être logée. Cette technique n'est aujourd'hui encore
pas très répandue, mais tend à se développer. Une telle intervention
doit être accompagnée d'un traitement pour éviter le rejet et les cas
d'échecs restent encore importants.
Prévention
La prévention des caries dentaires passe avant tout par :
- une hygiène bucco-dentaire : un brossage
régulier avec un dentifrice fluoré après chaque repas donc trois fois
par jour, ou au moins un brossage approfondi deux fois par jour.[réf. nécessaire]
Comme expliqué plus haut, ce brossage n'est pas curatif : il ralentit
ou stoppe le développement de caries présentes. Ce brossage ne peut pas
faire disparaître la plaque dentaire mais casse les biofilms
dentaires et fluore. La durée utile du brossage n'est pas déterminée (3
minutes environ recommandé). Utiliser une petite brosse souple ou
moyenne (changée tous les mois ou dès que les poils sont courbés) et
pratiquer des petites rotations pour faire passer les poils entre les
dents[réf. nécessaire] ;
- il faut éviter de grignoter ou de boire des boissons sucrées en dehors des repas[réf. nécessaire] ;
- les sodas, sirops et jus de fruits sont très acides ce qui diminuera le pH buccal et favorisera l'apparition de caries.[réf. nécessaire] Les produits « light », eaux aromatisées, jus « naturels » n'y échappent pas.[réf. nécessaire] L'eau doit être la boisson privilégiée, surtout chez les jeunes enfants[réf. nécessaire] ;
- un régime alimentaire adapté : privilégier les aliments complets par rapport aux aliments raffinés 18, remplacer aussi le sucre blanc par du sucre de canne non raffiné18 ;
- le dépistage régulier chez le dentiste : cela permettra de traiter les caries à un stade initial.[réf. nécessaire] On ne guérit pas d'une carie dentaire, on stoppe sa progression par son curetage et on obture la cavité résiduelle.[réf. nécessaire] Ce dépistage se fera idéalement tous les six mois,[réf. nécessaire] une visite annuelle au moins chez l'adulte 19 qui présente peu de problèmes de carie dentaire ou de problèmes gingivaux (importance du détartrage).[réf. nécessaire]
À noter que :
- l'efficacité de l'utilisation d'un chewing-gum
sans sucre n'est pas confirmée par des études indépendantes et est
soumis à controverse, l'UFSBD (Union Française pour la Santé
Bucco-Dentaire), une association loi 1901, étant en partie subventionnée
par les fabricants de chewing-gum dont Cadbury Hollywood et Wrigley20 ;
- l'Afssaps a modifié en décembre 2008 ses recommandations sur la prescription fluorée21, et ne recommande plus de supplémentation entre 0 et 6 mois. Au-delà, l'indication d'apport systémique de fluor est réservée aux enfants à risque carieux élevé[réf. nécessaire] ;
- un test de salive pourrait suffire à détecter la venue de caries chez les personnes ayant un profil génétique à risque.